Un triste printemps, le début de nos angoisses

Notre ciel bleu s’obscurcit

Nous sommes le 9 juin 2021, et nous arrivons dans le deuxième cabinet du gynécologue. Celui-ci se trouve dans un bel immeuble dans le 16eme arrondissement de Paris. Nous sommes au printemps, il fait beau, le ciel  est bleu. Il flotte pour nous un parfum de bonheur. La patiente qui devait passer avant nous étant absente, nous entrons en avance pour la consultation. L’échographie commence comme d’habitude avec un médecin qui nous explique tout ce que nous voyons à l’écran. Au cours de l’examen, les longs silences reviennent. Le gynécologue cherche avec insistance. Il nous dit qu’il n’arrive pas à voir le visage de notre bébé. Il demande donc à ma femme de boire un peu d’eau et de marcher pour que notre fille change de position. Cela ne fonctionne pas et l’angoisse se fait sentir, il est donc contraint de faire une manœuvre. Je suis simple spectateur, je ne peux rien faire pour aider. Je vois que cela semble être douloureux. Le médecin arrive enfin à voir le visage de notre enfant. Cependant il nous dit ne pas voir les os propres du nez. Il nous demande tout de suite de lui rappeler le résultat du bilan sanguin pour la trisomie 21, ce que nous faisons. Par la suite, il met fin à l’examen et nous dirige vers le service du diagnostic anténatal de l’hôpital Trousseau.

Une peur grandissante

A ce moment-là, ma femme et moi sommes complétement abasourdis. Nous ne comprenons rien à ce qui se passe. Nous apprenons que notre fille à un petit tour de taille, un petit fémur et qu’on ne voit pas les os propres du nez (OPN). Le médecin nous rassure et nous dit de ne pas nous inquiéter. Au vu du résultat il ne pense pas que ce soit la trisomie 21. A la sortie de l’examen, ma femme fond en larme lorsqu’elle explique à sa directrice qu’elle doit se rendre à l’hôpital. J’entends sa responsable essayer de la réconforter et de lui dire de ne pas s’inquiéter pour la crèche. Nous étions dans un état d’incompréhension totale. Aussitôt nous nous mettons en route pour l’hôpital Armand Trousseau. Pendant le trajet, nous avons appelé nos parents. Nous sentions l’inquiétude de nos proches à travers le téléphone. Cette journée avait pris des allures de périple, nous faisant passer du rêve à la désillusion. Malgré cela, nous avons essayé de garder espoir en supposant que ce n’était rien de grave. Bien évidemment, je savais au plus profond de moi qu’il y avait un problème.

Le début d’un périple émotionnel

Après plusieurs stations sur la ligne du métro 6, nous voilà aux portes de l’hôpital Trousseau. Comme nous l’avait indiqué le médecin nous nous rendons directement dans ce service. Ce n’était pas un service à proprement parlé mais plutôt des salles dédiées à la consultation anténatale. Dans le couloir, ne voyant personne, nous avons pris notre courage à deux mains et avons frappé à cette porte. Il y avait une sage-femme à l’intérieur qui nous a dit d’entrer. Nous lui avons expliqué ce qui nous arrivait. Elle a pris les échographies et nous a dit de l’attendre à l’extérieur car nous n’avions pas de rendez-vous. Ces minutes d’attente nous semblait longues comme des heures. La sage-femme revient vers nous avec des informations. Après consultation de nos examens et concertation avec le médecin du diagnostic anténatal appelé couramment DAN, elle nous explique qu’il peut y avoir plusieurs causes à nos angoisses. En effet, à ce stade on ne pouvait être sûr de rien. Il fallait donc approfondir les examens pour pouvoir mettre un nom sur la cause de nos peurs. Nous ressortons donc du bureau de la sage-femme sans réponse mais avec un rendez-vous le vendredi 11 juin pour une échographie de référence avec un médecin qui est une pointure dans le domaine. Puis nous avions une consultation avec le médecin du DAN le mardi qui suivait. Cette journée avait si bien commencé, je n’aurai jamais pensé que notre fin de matinée soit aussi éprouvante. Nous ne savions pas que cela allait être le début d’un parcours du combattant. Cette journée devait être pour nous exceptionnelle avec l’échographie le matin et le soir un restaurant pour fêter nos neuf ans de vie commune et notre joie de devenir parents. Nous sommes quand même partis au restaurant mais l’ambiance était morose.